Un homme demande. Un autre répond. L'homme est un juge d'instruction convaincu de la culpabilité de l'autre. L'autre est un ancien membre de Lotta Continua accusé d'avoir tué le troisième homme en montagne parce qu'il y a longtemps il a trahi le mouvement. L'homme accuse l'autre d'avoir suivi le troisième homme en montagne pour l'assassiner. L'autre récuse en disant qu'il se trouvait sur les lieux de l'accident par coïncidence. L'homme dit que c'est impossible.
Erri de Luca depuis plusieurs livres épure ses textes. Jusqu'à cette forme de récit didascalique, fait de demandes et de réponses. Entre se logent les lettres à l'amour écrites par le prévenu en préventive.
La voix est posée comme celle de son auteur. Une voix qui masque la douleur, un souffle de souffrance semblable à celui du marcheur en montagne.

Louise et Tom se sont mariés et c'est bien là le problème. Leur couple en a pris un coup. Ils font dix séances chez une thérapeute. Avant chaque séance, ils se retrouvent dans le pub qui fait face au cabinet de la thérapeute en attendant la sortie du couple précédent.
Nick Hornby rend compte de leurs états d'âme, de l'état de leur couple et de la vie de couple en général, à travers leurs échanges dialogués entrecoupés de rares didascalies.
C'est vif, alerte et souvent amusant.
Pour se désintoxiquer après plusieurs semaines de prison, euh, de confinement avec la même personne.

L'ordre des blattes qui croupit à Westminster s'empare des enveloppes humaines des membres du gouvernement de sa Très Gracieuse Majesté. Si le trajet est périlleux pour ses cancrelats, le jeu en vaut la chandelle, renverser l'ordre occidental où leur société est mise en péril. Le premier de ses cafards, le premier ministre, promeut le projet insensé du réversalisme, l'inversion des flux monétaires. Le Président américain lui emboite le pas. L'Europe se déchire. Toute ressemblance avec le Brexit est volontaire.
Un conte philosophique réussi qui atteint son but.

Fortune de mer est un docu-fiction, raconté au plus près de la réalité du remorquage en haute mer. Les auteurs, Clément Belin et Costès, sont marins eux-mêmes. Lieutenants tous les deux, ils nous livrent, de l’intérieur, une connaissance précise et inspirée de la vie souvent bouillonnante à bord d’un remorqueur en mission…

Fata Morgana publie un texte bref de Roger Caillois Êtres de crépuscule. Texte mélancolique sur le monde ancien face à la barbarie qui fonde les nouvelles civilisations. Barbarie dont le nous/je de l'auteur se sent responsable à force de démissions et de négligences, gouttes qui ne font que grossir les flots de l'effroyable inondation. Il eut été bon de préciser l'année de la rédaction, 1943. Engagé dans les forces françaises libres, on perçoit mieux ainsi le désarroi de Caillois. Le texte fut ensuite publié dans la revue Labyrinthe après la guerre en décembre 1945.