Quand l'amour sauve de l'horreur
L’Ancien Calendrier d’un amour raconte le destin de Valdas Bataeff, un homme qui a traversé le XXe siècle et ses horreurs et qui fut, à jamais, marqué par son premier amour.
Il est né sous l’Empire russe, dans une famille aisée où l’on aime y organiser des fêtes et mettre en scène des pièces de théâtre. La vie y est légère, souriante, illusoire…
Un jour, Valdas rencontre Taïa, une jeune fille issue des bas-fonds, braconnière la nuit, serveuse le jour. Elle lui sauve la vie, à la fois physiquement et spirituellement. Naît entre eux un amour unique, bref et vertigineux, qui va permettre à Valdas de s’extraire du grand théâtre humain, de ses illusions et fourberies. Malgré les guerres et ses tourments, malgré l’exil qui conduit notre héros à se réfugier en France, cet amour chuchote en lui des mots qui assurent sa survie.
Ce roman, qui est aussi un condensé de l’histoire du XXe siècle vécu à la hauteur d’un homme, est écrit par un conteur qui maîtrise la beauté concise des phrases, alors mélodieuses, mélancoliques, raffinées...
Une singulière fresque familiaie
L’univers de Véronique Ovaldé a la particularité d’être singulier. Quand on entre dans l’une de ses histoires, on côtoie une forme d’étrangeté qui vous habite un temps une fois le livre terminé. Son style littéraire est foisonnant et ses histoires sont riches en émotion.
Dans ce nouveau roman, l‘autrice situe son intrigue sur une île italienne fictive qui se nomme Iazza. Un nom aux tonalités chantantes, comme celui de notre héroïne (Aïda) et de ses trois sœurs (Violetta, Gilda et Mimi). Chacune porte un nom d’opéra car Salvatore, le père, aime en écouter. Et tout comme cet art musical, leur histoire familiale est remplie de drames, de mensonges et de fantaisie !
Enfant, Mimi disparaît pour toujours. Aïda en est jugée responsable. Elle quitte l’île et y revient des années plus trad, à la mort du père. Le passé ressurgit ; les règlements de comptes sont actionnés et les secrets se libèrent.
La narration est fourmillante, le style est inventif, ardent, parfois caustique grâce aux digressions de l’autrice. Il y a de la mélancolie mais aucune morosité. C’est une histoire vraisemblable, joliment imagée.
Coup de poing
En un court roman, Marie-Hélène Lafon nous décrit la vie d’une jeune femme, propriétaire d’une belle ferme.
Elle a trente ans, trois enfants et un mari violent.
Nous sommes en 1967.
C’est une époque charnière pour la société française comme pour notre héroïne, qui nous confie son quotidien de femme soumise. Humiliée, battue par son mari, elle est habitée par la peur qui se loge littéralement dans son ventre et l’ankylose.
Son histoire, elle nous est racontée dans une langue concise, brute, qui va à l’essentiel et rend palpable cette violence conjugale. Cette langue, elle nous accroche, retient notre respiration jusqu’au dénouement qui se termine, des années après, avec la voix d’une des enfants, portant en elle les sources de son héritage familiale.
Des mots perles, des mots chantants, des mots qui veillent…
Souleymane Diamanka revient avec un recueil tout aussi lumineux que le précédent, à nouveau publié dans la collection Points Poésie, un « lieu de convergence de voix venues des quatre coins du monde ».
Dans ce recueil, « C’est la plume du poète » qui s’exprime « Contre l’épée du guerrier ». Une plume nourrie de bienveillance et d’espoir envers l’espèce humaine dont les particules qui la composent nous sont ici clamées par un poète-griot. Son ouvrage est un chant fraternel qui réchauffe les cœurs et apaise notre regard sur ce monde que nous traversons seulement.
Sauvagine
La femme Paradis vit seule au cœur de la forêt, loin de la civilisation. Elle s’est faite aux règles du monde sauvage, les applique avec intelligence, rigueur et harmonie depuis qu’un événement a bouleversé les lois de notre monde. Mais un jour, la vie qu’elle s’applique à mener est bousculée, perturbant la frontière qu’elle s’était tracée. Une détonation se fait entendre. Des hommes rodent autour de son refuge. Cette intrusion perturbe notre héroïne et va venir questionner son humanité. Car celle-ci a-t-elle du sens lorsqu'on lui ôte son enveloppe "civilisationnelle" ? Le monde civilisé peut-il intervenir sans entrave dans le monde sauvage ?
Un roman haletant, très bien mené, qui intrigue, percute et interroge.