Jean T.

https://lecturesdereves.wordpress.com/

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Conseillé par (Libraire)
30 avril 2014

Pour se réprésenter la transition

L'ouvrage annonce dès la première page "qu'à poursuivre dans la voie actuelle, nous allons vers des lendemains qui font peur", mais il ajoute peu après que "le pire n'est jamais sûr" et que s'engager délibérément dans la transition écologique est un moyen pour vivre mieux dans une société moins inégalitaire, plus démocratique et attentive aux besoins de tous.
Rédigé par des économistes, l'ouvrage propose une analyse permettant de se représenter la crise : crise énergétique avec la rareté qui s'annonce, crise des sociétés qui ne mesurent leur santé qu'au moyen du PIB -qui pourtant échoue à assurer le bonheur, crise d'une économie mondialisée et dérégulée, crise politique des gouvernements dont l'horizon se limite à la prochaine élection, crise d'un progrès qui se résume à une croissance désormais impossible, crise d'une agriculture dont le productivisme est soutenu par une PAC mal orientée, crise d'une "consommation massive de biens et services puisant, pour leur production, dans le stock de ressources non renouvelables de la planète".
L'espoir existe, à condition de ne pas lambiner, de ne pas se contenter de faire du Green Washing. Il faudra décider que le capitalisme doit se réformer en profondeur, voire disparaître pour laisser place à une "économie de l'environnement", une économie soutenable capable de maintenir constants les stocks de ressources naturelles. Les auteurs prennent le temps de faire une très synthétique histoire économique depuis les physiocrates du 18e siècle jusqu'aux économistes qui, de nos jours, remettent en cause les indicateurs du PIB, reconnaissent les limites de la biosphère et veulent que nous vivions mieux. Pour mettre en œuvre la transition, ils soutiennent la nécessité d'une planification écologique et d'un contrôle de la finance. Ils espèrent aussi en l'activité de citoyens s'engageant dans des expérimentations locales, et envisagent un nouveau rapport au travail et à l'emploi.
Les données disséminées dans le texte permettent de réfléchir et de prendre conscience de ce que nous gaspillons. Elles sont utiles pour savoir si la mobilité pourra être soutenable, si on pourra verdir le transport aérien, si on peut manger mieux et autrement, si on pourra stocker les énergies renouvelables, comment réintégrer dans les territoires des activités de production délocalisées.
En conclusion, les auteurs affirment qu'on peut réduire notre pression sur les ressources sans réduire notre bien-être individuel et collectif. Que nos techniques sont à même de nous permettre de réorienter nos modes de production. Ils repèrent qu'une transition démographique est en marche, qu'une conscience écologique se développe. Ces quatre points constituant une ouverture à la transition écologique.
Au bout du compte, voici un petit ouvrage de lecture aisée qui aide à imaginer ce que pourrait être la transition écologique. Transition nécessaire car nous habitons la même Terre !

Conseillé par (Libraire)
23 avril 2014

"Qu'est-ce qu'une histoire ? La narration d'un miracle"

Julius est mort. Sous un soleil de plomb, une famille accompagne son corps au petit cimetière accroché à la falaise.
Julius était arrivé un jour de marée d'équinoxe. Marie l'avait installé dans une chambre d'amis. L'histoire de sa présence nous est racontée par les cinq personnes de la famille : Marie, la galeriste, Alban, médecin, Lola, leur fille simplette, Brian leur fils, Léonie, la grand-mère. Julius se partage avec eux et chacun nous révèle quelque chose de sa vie intime. Puis chacun affirme avoir "fait l'amour" avec lui, c'est-à-dire exprime le bonheur intense qu'il leur apporte, la joie qu'il leur partage, le courage de supporter les blessures de la vie, l'amour qu'il leur donne. Enfin, tous vont "tuer" Julius
À la façon dont Fabienne Juhel raconte cette histoire, on pense à la vie du Christ, d'autant que Julius se présente comme l'Élu, mais ce n'est pas un roman chrétien, ni même religieux. C'est une version moderne et plutôt mystique de l'avènement d'un homme d'une grande humanité dans un groupe de gens.
C'est une lecture exquise qui nous est offerte, un texte chaleureux, poétique, excellemment écrit. Il m'a bercé parfois, envoûté par endroits, fait sourire à d'autres, emporté toujours.
Dans ses descriptions, je me suis retrouvé au bord de la mer, j'ai reconnu des traits de mes amis, et aussi de moi-même. C'est un roman qui ouvre l'esprit, qui rend accueillant à la diversité du monde. Faut-il préciser que c'est un très beau roman ? .

Conseillé par (Libraire)
23 mars 2014

Comment ne pas le lire ?

Vingt-quatre heures. C'est le temps nécessaire à une transplantation cardiaque. C'est le temps que nous passons avec Simon Limbres, le jeune surfeur mort dans un accident de voiture, ses parents, sa petite amie, du personnel médical - ceux qui ont à charge d'obtenir l'accord du don d'organes, ceux qui prélèvent et ceux qui transplantent, celle qui va recevoir le cœur d'un autre qui le lui donne et qu'elle ne pourra jamais remercier. Le cœur est le fil conducteur que Maylis de Kerangal ne lâche jamais.

Organe sacré et plein de sens, car ce prélèvement et cette transplantation possèdent un sens propre, particulier, personnel pour chacun des personnages. La vie de chacun est touchée profondément par cette tragédie chirurgicale qui nous rappelle, s'il le fallait que la vie et précieuse et que nous sommes mortels.
C'est un roman de la médecine, avec ses exploits, ses limites, ses serviteurs tous héros. C'est écrit dans une langue éblouissante, d'une extrême précision, des phrases ciselées, des évocations et des descriptions qui nous introduisent dans l'intime de chacun des personnages, qui montrent que le même événement a un sens spécifique pour chacun. C'est bouleversant et émouvant, très émouvant. Magnifique.

Conseillé par (Libraire)
15 mars 2014

Puissant

Dès les premières pages, j'ai été impressionné par la puissance de l'écriture de Gary Victor et sa capacité évocatrice. Alors que le séisme de 2010 en Haïti a peut-être emporté ses proches, Carl pense aux trois personnages qui ont compté pour lui : son père, Jezabel, son ex-femme qu'il continue d'aimer, et lui-même Carl Vausier. Il plonge dans des sortes de cauchemars qui ont traversé sa vie d'homme, dans ce qu'il garde de plus secret, dans ce qu'il avait tenté d'oublier. Comme si le séisme ouvrait des failles dans le sol et dans la mémoire des hommes.
Un très beau roman qui m'a ému, vraiment...

Conseillé par (Libraire)
15 mars 2014

La transition sans crainte

Voici un ouvrage qui montre que la transition écologique est inévitable sans pour autant se sentir obligé de faire peur... Après avoir fait un état des lieux, les auteurs consacrent un chapitre à un point rarement traité : comment financer la transition ? Puis, ils insistent sur la nécessité de remplacer le système de gouvernance pyramidal et prescriptif par un système qui tiendra compte des capacités et des contributions des citoyens dans la vie publique, un système où la coopération prime. Ils montrent que la transition ne sera pas qu'écologique au sens étroit du terme, mais sociétale, économique et politique.

L'ouvrage s'attarde moins sur le diagnostic d'une planète limitée en ressources que sur la construction d'une feuille de route vers une transition qui satisfasse aux besoins de tous et qui ne soit pas une punition.
Un ouvrage de lecture aisée, bien documenté, posant bien les problèmes et émettant des propositions réalistes qui incitent à l'optimisme et à l'engagement.