Quentin D.

Conseillé par (Libraire)
26 septembre 2021

Il s'agit de plonger dans les souvenirs

Entre 1968 et 1973, Hafez el-Assad a fait construire le barrage de Tabqa et ainsi transformé le milieu de vie de plus de 11 000 familles en un lac naturellement inhabitable, le lac el-Assad. Dans son oeuvre, Antoine Wauters nous invite à constater une partie de l'histoire syrienne au travers d'un personnage fictif, Mahmoud Elmachi, enseignant puis poète rebelle, qui semble passer toutes ses journées dans sa barque, sur le lac el-Assad, à tenter de rattraper les fragments de sa réalité, de son histoire.
Ecrits en vers libres et parfois traversé par des vers de Saleh Diab, de Sohrab Sepehri ou encore d'Amos Oz, ce texte nous donne à voir la violence de la guerre, mais aussi et surtout la lassitude qu'on peut éprouver à l'égard de celle-ci. Et les souvenirs de l'enfance, de l'innocence et les souvenirs de l'amour d'achever de venir progressivement nous inviter à la paix.
Un livre important de par son sujet. Un livre bouleversant de par son écriture.

Conseillé par (Libraire)
26 septembre 2021

Toute la poésie de la violence

Ocean Vuong, déjà reconnu pour sa poésie, se livre à nous à travers ce récit autobiographique. Tout en filant la métaphore de la migration des papillons à travers le monde, il nous raconte les traumatismes dûs à la guerre du Vietnam de sa famille ; la schizophrénie de sa grand-mère ; le labeur de sa mère ; les overdoses de ceux qu’il a un jour côtoyé ; toute la violence de sa vie et de son amour, sans jamais manquer d’en révéler la splendeur.
Un coup de maître qui vous donnera à coup sûr envie de découvrir Ciel de nuit blessé par balles, son recueil publié chez les éditions mémoire d'encrier.

Conseillé par (Libraire)
26 septembre 2021

La biographie d'un homme qui rêvait trop

À partir de coupures de presse et de photos retrouvées, l'auteur écrit l'homme, le fou furieux, l'ami, l'amoureux, le désespéré Franz. Il tente de comprendre ce qui peut pousser un homme à rêver trop fort, au point de ne plus craindre la mort. Doucement, il tisse une toile faite d’angoisses et de rêves démesurés, de deuils impossibles et d’hommages infinis. Et bientôt, sans qu’on s’y attende, Étienne se dévoile à travers Franz. L’oeuvre révèle alors toute son envergure : On tient entre les mains un hommage bouleversant à Franz Reichelt, mais aussi et surtout une ode à tout ceux qui continuent d’espérer coûte que coûte, jusqu’à perdre pied.
Un immense coup de coeur !

Conseillé par (Libraire)
26 septembre 2021

Une oeuvre qui étonne et qui marque

Philipp Weiss, littéraire allemand déjà connu pour avoir écrit pour le théâtre, nous livre ici une oeuvre conceptuelle, poétique, humaine et unique. Cinq livres composent en effet l'oeuvre. Ce sont autant de narrateurs, de styles, d'obsessions et de perception de la réalité qui nous sont offerts. D'abord Paulette Blanchard, qui nous lègue les encyclopédies de son moi, dans lesquelles elle nous conte son histoire, son héritage bourgeois, sa participation à la commune de Paris aux côtés de Louise Michel et puis son départ, pour l'exposition universelle de Vienne en 1873 puis plus tard pour le Japon. Jona lui, se raconte à travers une forme plus classique. On découvre son amour pour Chantal Blanchard, son amante "rhapsodique", disparue du jour au lendemain. Sa quête de l'autre l'entraîne jusqu'au Japon, où il connaîtra le tremblement de terre de 2011 aux côtés d'une femme nommée Abra et d'un homme sans domicile employé pour nettoyer et sécuriser la centrale de Fukushima. Chantal Blanchard nous livre bientôt l'oeuvre la plus conceptuelle et la plus forte à mon sens de l'oeuvre de Weiss, à savoir le carnet dans lequel elle griffonne au rythme de ses obsessions, un essai nihiliste, quand elle ne se retient pas d'écrire à Jona ou quand elle n'est pas sur les traces de son arrière-arrière-grand-mère Paulette mentionnée ci-dessus. Akio est quant à lui un petit garçon qui a assisté au tremblement de terre de Fukushima avec ses yeux d'enfants innocents et dont l'enregistrement vocale nous est retranscrit. Il ne connaît qu'une obsession, retrouver et sauver son iguane Tatsu. Enfin on trouve Abra, jeune japonaise qui ressent la douleur des membres qu'elle a pourtant perdu. Souffrant de déréalisation, elle nous entraîne avec elle dans ses pensées les plus sombres, au travers d'un manga efficace.
Les personnages se croisent au travers des oeuvres et bientôt une image globale se dessinent. Et si tout semble devenir insignifiant avec le recul, tout devient également sublime, frissonnant.

Conseillé par (Libraire)
26 septembre 2021

Déchirant

On pourrait penser que l'on a tout lu d'Edouard Louis. C'est vrai, il nous a entre autre raconté son enfance, son milieu, la violence dont il a souffert, son père, sa mère. Pourtant, lorsqu’on arrive au terme des 300 pages de son nouveau roman, on prend conscience que l'on n'a jamais fait qu'effleurer son histoire, et que tout la violence de sa métamorphose ne nous avait pas encore été racontée. La fuite de son village pour Amiens puis d'Amiens pour l’ENS de Paris puis de Paris pour Barcelone ou encore les États-Unis nous y sont racontées en détails. Ses différents emplois également, que ce soit celui d’ouvreur au théâtre d’Amiens, de prostitué ou encore de libraire à la librairie des cahiers de Colette. Il nous raconte progressivement Stephanie, Elena, Nadya, Didier, Pierre, Ludovic, Geoffroy, Manuel, Colette, Philippe, Eric, autant de personnes qui ont joué un rôle dans sa transformation.
C’est à mon sens le texte d’Édouard Louis le plus important, en ce sens qu’il y dissèque son obsession pour l’ascension sociale, le fruit de son enfance humiliée, en toute transparence. Édouard a en effet conscience que le lecteur pourrait être tenté de le juger. Il lui demande de ne pas le faire comme il évoque la réminiscence sans fin de l’Insulte et des images traumatisantes de son enfance.