Peter Stamm
Biographie
Peter Stamm est né en 1963 en Suisse. Après des études de commerce, il a étudié l'anglais, la psychologie, la psychopathologie et l'informatique comptable. Il a longuement séjourné à Paris, New York et en Scandinavie. Depuis 1990 il est journaliste, et écrivain. Il a rédigé une pièce pour la radio, une pièce pour le théâtre et a collaboré à de nombreux ouvrages. Il est, depuis 1997, rédacteur en chef du magazine Entwürfe für Literatur. Il a obtenu en 1998 le Rauriser Literaturpreis pour son premier roman, Agnès. Il vit actuellement à Winterthur.
Contributions de Peter Stamm
Rencontre avec Peter Stamm
C'est difficile à dire. Dans mon cas, c'est lorsqu'un théâtre m'en a fait la demande que je m'y suis essayé. Sans doute est-ce aussi une conséquence de la tradition allemande des théâtres municipaux: beaucoup dont financés par les pouvoirs publics et possèdent leur propre troupe, ce qui crée une grande demande de pièces. La littérature est elle aussi, dans une certaine mesure, un marché qui obéit à l'offre et la demande.
Je crois que c'est Gustave Flaubert qui a dit: "Le bonheur se raconte mal". Alors que le bonheur s'éprouve dans l'instant, le malheur lui est le plus souvent un événement, une action. Quelqu'un a un accident, meurt, commet l'adultère, ou un tremblement de terre détruit une ville. Cela se raconte bien mieux qu'un moment de bonheur. Par ailleurs, nous sommes exposés à tellement de faux bonheur, à la télévision et dans la publicité, qu'il s'agit justement pour la littérature moderne de démasquer la fausseté de ces grands sentiments et de montrer la complexité du monde, dans lequel il n'est pas de lumière sans sa part d'ombre. Il est devenu presqu'impossible d'écrire sans ironie une phrase comme "Je t'aime".
La langue allemande ne possède sans doute pas le plus vaste vocabulaire, mais ses incroyables possibilités de création de mots et de construction des phrases lui confèrent une grande précision. Je puis écrire une même phrase de dix façons différentes, ce qui à chaque fois modifie légèrement son effet et sa signification. Ce n'est sans doute pas un hasard si de nombreux philosophes ont écrit en allemand.
Il est impossible de mettre la littérature d'un pays entier dans un même sac, mais je pense qu'on ressent assez bien l'influence francophone dans la littérature de Suisse alémanique. Celle-ci est en règle générale moins complexe, plus narrative, peut-être aussi un peu plus humoristique. Et comme notre dialecte parlé est très différent de la langue écrite, l'écriture est toujours plus difficile pour nous que pour les allemands. C'est sans doute pour cela que beaucoup de Suisses allemands utilisent une langue écrite assez simple.
Cela peut sembler étonnant, mais malgré les analogies entre les langues allemande et anglaise, la traduction en français me semble plus proche de l'original de mes textes que celle en anglais. Peut-être les cultures française et suisse ne sont-elles finalement pas si éloignées. J'entretiens par ailleurs des liens étroits avec ma traductrice française. Nous sommes amis, et je pense qu'elle comprend bien ce que je veux atteindre au travers de mes écrits.