Les Pierres volantes

Deux mois avant l'an 2000, alors que les ponts de New York se sont écroulés et que Lyon a été rayée de la carte par l'explosion de la centrale nucléaire Superphoenix, un peintre italien de renom, Ovidio Romer, se réfugie dans un hôtel suisse pour rédiger son autobiographie, ou plutôt le " roman de sa vie ". Le récit d'Ovidio est rythmé par quelques lancinants leitmotive: la quête du père (un père en fuite qui meurt deux fois, la première à Louxor et la seconde au Canada); une homosexualité latente et refoulée (une trouble attirance pour un adolescent qui s'avérera être son demi-frère); une aventure avec une journaliste musulmane qui mêle érotisme et prière. Sur le plan artistique, une peinture peuplée d'" insectes venimeux, membres épars, pierres volant dans des ciels impossibles " _ tout cela allant de pair avec une profonde répugnance à l'égard du corps, de ce " nu lisse " qui masque insidieusement la dégoûtante pulsation interne des organes... Roman d'anticipation qui soudain plonge dans le passé, parodie de roman-feuilleton, fable métaphysique, les Pierres volantes est surtout le portrait psychologique d'un artiste ambigu et tourmenté qui s'interroge à l'infini sur les rapports entre le hasard et le " bazar " (ce " joyeux Grand Bazar " _ autrement dit le Chaos _ qui, selon lui, dominera le prochain millénaire), et sur les rapports entre le réel et l'imaginaire _ thème récurrent dans la " poétique " malerbienne mais traité ici sous un jour nouveau car aucun des livres de cet écrivain-caméléon ne ressemble aux précédents. Luigi Malerba, romancier, auteur de livres pour enfants, scénariste, est né près de Parme en 1927. Citons, parmi ses oeuvres traduites en français: Le Serpent cannibale, Saut de la mort (Prix Médicis étranger), Sa Majesté, La Planète bleue, Clopes, Le Feu grégeois.