Printemps barbare

Héctor Tobar

Belfond

  • Conseillé par
    20 décembre 2012

    Ce roman est très réussi sur certains points, notamment dans la manière dont est décrite Los Angeles qui est un personnage à part entière de ce roman mais aussi l'évolution et la vie des divers clans qui la composent. Scott et Maureen font partie des riches ouverts d'esprit ou qui se considérent comme tels:

    Dans le cercle des amis de Scott et Maureen, tout sujet évoquant l'ethnicité frisait l'impolitesse. Ils étaient nombreux à avoir des enfants métissés et tous se considéraient comme culturellement très avancés.

    Araceli, elle, fait partie de ces mexicaines qui perdent leur identité en enfilant leur costume de bonne, costume réel pour Araceli mais symbolique pour ses comarades car elle est la seule à le porter réellement:

    Elle ne portait probablement son uniforme que pour cet instant précis où elle pourrait mettre ses vêtements à elle, un caleçon ou un jean qui la transformerait en cette Araceli qui avait jadis hanté les galeries et les clubs de Condesa, de Roma et autres quartiers de Mexico.

    Car Araceli est en fait une artiste qui peint en cachette, ce que ces employeurs ne découvriront qu'après son départ. Très satisfaits de son travail, ceux-ci ne lui posent jamais de questions et ne lui communiquent pas non plus les informations importantes, comme la grossesse de Maureen. Héctor Tobar lève aussi le tabou qui consiste à ne pas dire de mal de la famille restée au Mexique. Les domestiques mexicaines sont ici décrites comme des vaches à lait dont abusent ceux restés au pays.

    Lorsque Araceli part à la recherche du grand-père, elle découvre une partie de Los Angeles qu'elle ne connaissait pas et l'auteur décrit très bien le passage du temps, la décrépitude qui s'installe et les différentes ethnies qui se succèdent à cet endroit, le fait qu'après les émeutes, les afro-américians aient laissé le quartier aux mexicains. Les enfants aisés rencontrent alors un enfant à qui ont demande de remplir des tâches, ce qui leur fait penser que ce garçon ne peut être qu'un esclave. Le regard de ces deux garçons sur leur aventure est le souffle de légéreté et d'humour du roman. Le moment où Scott, Maureen et le grand-père peinent à accomplir les tâches habituellement réalisée par la seule Araceli est drôle mais terriblement sarcastique. Les médias, les groupes de pression anti-immigration sont sévèrement critiqués, ce sont eux qui font de cette hsitoire une affaire qui prend des proportions démesurées.

    Mon avis n'est donc pas aussi enthousiaste que j'aurais aimé qu'il fut. Je pense cependant que ce roman dépeint magnifiquement Los Angeles et les communautés qui s'y côtoient. Il y manque juste une petite flamme.