Balles d'argent

Elmer Mendoza

Gallimard

  • Conseillé par
    24 avril 2013

    Edgar Mendieta, Don Quichotte des temps modernes

    "Un homme seul est forcément une victime. De qui ? Des mouches, des tempêtes, des absents" (p. 158) ou des cauchemars tout droits sortis des recoins sombres de l'enfance.

    Edgar Mendieta, Zurdo pour les intimes, est un homme seul. Seul face à lui-même et à ses blessures intimes, seul face aux narcos qui veulent lui faire la peau, seul face à une administration corrompue. Don Quichotte des temps modernes, il se bat contre les moulins à vents qui polluent le paysage mexicain. "Un bon flic est un flic mort. Si la police mexicaine était intègre , je n'y aurais pas ma place" (p. 256). Mendieta fait exception à la règle. Il est intègre, vivant et bien décidé à aller au bout de l'affaire Canizales, en dépit des tentatives d'intimidation et des pressions politiques qui pèsent sur lui.

    Le premier roman, traduit en Français, de l'auteur mexicain Elmer Mendoza séduit par son foisonnement. On se croirait dans un tableau de Diego Rivera ou de Frida Kahlo. Les femmes sont belles, dangereuses, exaltées. On y croise un danseur gay, des lesbiennes déjantées, une ex au capiteux parfum…

    Pour se diriger dans cette jungle urbaine qu'est Culiacán, capitale de l'Etat de Sinaloa, au nord-ouest du pays, un peu d'aide aurait néanmoins été bienvenue. Mais l'auteur semble s'ingénier à perdre son lecteur. Son parti-pris — pas de retour à la ligne, pas de tiret … — en désarçonnera sans doute plus d'un et l'on peine parfois à savoir qui dit quoi.

    Reste un personnage de flic attachant, vulnérable et dépendant de son psy, dont on espère qu'il sortira vainqueur de cet inégal combat contre les mouches, les tempêtes et les absents.