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Le , Librairie Internationale V.O

La ciutat cansada emprunte le titre d'une œuvre de Pere Calders et l'emmène sur un autre chemin: elle raconte la détresse dans laquelle nous plonge l'épuisement lié aux émotions et aux mots avec lesquels nous en parlons. Dans ce sens, l'idée de l'absence, l'impossibilité de la dire et en même temps le désir de le faire sont une constante, car "de tant tocar-nos el buit, de tant fer-nos-el costella" ("plus le vide nous touche, plus il nous enveloppe"), nous finissons par nous parler en vain: "¿què volies dir quan ja no ens dèiem res?" ("que voulais-tu dire quand on ne se disait plus rien?"). Et nous palpons le manque: "sola en una cambra d'hotel / com en una intempèrie" ("seule dans une chambre d'hôtel / comme au cœur des intémperies").
Le livre combine des styles poétiques et des registres divers: des poèmes avec rime et rythme et des proses poétiques. Et, même, parmi les proses poétiques –qui sont, peut-être, les écrits les plus représentatifs du ton et de la volonté du livre– il y en a qui s'appuient sur les procédés poétiques (rimes internes, altération de la syntaxe, etc.) et il y en a qui, par contre, utilisent très clairement les ressources formelles de la narration mais afin de les mettre au service de la poésie: pour raconter une histoire qui n'est pas une histoire mais un symbole, comme si d'une graine connue en émergeait une fleur rare.