Le Carnet À Spirales .

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Les lectures de l'équipe du Carnet à spirales pour vous aider dans vos choix, vous accompagner dans vos nuits blanches, dans vos heures d'évasions romanesques.
Peu adeptes des étoiles nous avons décidé d'en donner 5 par défaut à nos recommandations.
Au plaisir de vous lire et de vous recevoir au Carnet à spirales

Christian Bourgois

Conseillé par (Libraire)
1 mars 2023

Une plongée au cœur de la communauté juive hassidique qui ne peut laisser indifférent tant l'esprit communautaire dirige la pensée, les vies. L'art de protéger la communauté au détriment de l'individu. Cela peut d'ailleurs parfaitement s'inscrire dans notre actualité. Le personnage est Surie Eckstein, 57 ans, 10 fois mère, 20 fois grand-mère environ... qui est enceinte de jumeaux ! Elle ne peut le dire et donc se tait, se terre dans ce silence, le tout rythmé par les fêtes et rites religieux, hallucinant par leur nombre, par l'opulence des mets. Et puis il y a Lipa, ce fils homosexuel, renié, rejeté puis retrouvé pendu... Un grand livre, dur à refermer, absolument impitoyable, profond mais aussi drôle par instant soit volontairement soit par le côté absurde de certaines situations. Se taire pour protéger...

Du bidonville à la cité de transit, le parcours d'une famille algérienne

Pocket

Conseillé par (Libraire)
28 février 2023

Mehdi Charef, auteur du très beau « Le thé au harem d’Archi Hamed », a dix ans lorsqu’au sortir de la Guerre d’Algérie il débarque sur le sol français avec les siens pour rejoindre son père dans l’espoir d’une vie meilleure. Désillusion et amertume, les rêves vont se fracasser contre la tôle d’un bidonville de Nanterre, un déracinement douloureux admirablement relaté dans son avant-dernier livre « Rue des Pâquerettes ».
Dans ce deuxième opus, Mehdi et sa famille ont été relogés dans une cité de transit, à peine plus confortable que le bidonville. De son regard plein de candeur, l’enfant continue de sonder inlassablement le quotidien : le père sur les chantiers, la mère dont la bicoque avec eau courante et toilettes est le royaume, l’école « deux baraques en préfabriqué » où Mehdi excelle, l’entraide entre occupants de la cité, la découverte de la première télé, la tournée des bonnes sœurs qui distribuent médicaments et conseils contraceptifs, la vie faite de petits riens et d’infimes joies qui s’organise malgré tout. Affleure le parfum de l’Algérie, ce pays loin des yeux mais près du cœur évoqué par Mehdi en interludes, la cuisante et lancinante douleur qui rappelle qu’on a perdu un pays sans en avoir retrouvé un autre, cet autre si vertueux, moralisateur, fier d’éduquer des sauvageons, où la banlieue, en plein essor, réclame toujours plus de main d’œuvre mais n’est pas encore devenue la pieuvre monstrueuse qu’elle est désormais, émaillée à l’époque de petits commerces, de marchés et d’humanité.
Mehdi Charef livre un texte lumineux et bouleversant entre autobiographie et documentaire. Il dépeint avec beaucoup de délicatesse la souffrance imposée par le déracinement et toute la difficulté d’être soi quand on ne se sent pas chez soi. « J’ai l’impression que les Français nous scrutent [..]. Ma faute est d’être arabe. Moi qui désire être aimé tout le temps et par tout le monde, je vacille ». Mais, plus que tout, il souligne la formidable endurance d’hommes et de femmes arrachés à leur vie, la force déployée par chacun pour continuer, rester droits, dignes, vivants.
Publié dans Magazine Initiales

Conseillé par (Libraire)
28 février 2023

Premier roman d’Inga Vesper, autrice vivant à Glasgow est assurément cet excellent « Un lon, si long après midi ». Tous les ingrédients sont présents afin de rendre cette lecture addictive. Los Angeles, 1959, les maisons sont belles, les pelouses sont bien tondues et joliment vertes, les familles sont parfaites, vitrine de la perfection américaine. « « Hier, j’ai embrassé mon mari pour la dernière fois. Il ne le sait pas, bien-sûr. Pas encore. » Parfait ? En grattant un peu le vernis si brillant de ce tableau si charmant, les fêlures apparaissent rapidement. Joyce, épouse modèle, mère parfaite, disparaît. Enlèvement, meurtre ? L’enquête démarre, un quartier en émoi et, degré zéro sur l’échelle de la tolérance, tous regardent Ruby, la femme de ménage noire de la famille, coupable idéale ? Le «Way of life » si idéalisé à cette période est écorné, finement analysé par Inge Vesper tant l’ennui guette ces femmes soumises au sexisme ambiant, tant, malgré des airs charmants et bienveillants, le racisme ordinaire est généralisé. Cette critique sociale teintée « polar » vous fera certainement de jolis après-midis…

Conseillé par (Libraire)
28 février 2023

Un jour de désœuvrement Pablo Martin Sanchez découvre qu’un anarchiste révolutionnaire de la première partie du XXe siècle portait son nom. Le romancier devient historien, l’historien devient raconteur d’histoires, le roman devient d’aventures et le lecteur, pris au piège, se régale. C’est finalement assez simple l’écriture…

Dans le Belleville des années 20, vivent des réfugiés espagnols, anarchistes, pamphlétaires, écrivains et poètes, dans une joyeuse ferveur intellectuelle, foisonnement nécessaire à des rêves révolutionnaires. En Espagne dans le même temps, Miguel Primo de Rivera, capitaine général de Catalogne, entame une ère politique de sept années, une ère de dictature. Pablo Martin, non l’écrivain, mais le personnage central du roman, est imprimeur dans une petite structure tenue par « Sébastien Faure, vieil anarchiste rougeaud et véhément… » le week-end et occupe le poste de gardien d’une propriété en semaine. En Espagne, à la fin du XIXe siècle, ce même Pablo Martin grandi auprès d’un père inspecteur dans les écoles et vit dans des pensions au gré des déplacements du paternel, sur son âne fidèle. Pablo Martin, le romancier, bien entendu a entrepris des recherches importantes afin de documenter son œuvre de faits historiques avérés. Toutefois, habilement, grâce à une construction fort maitrisée, il allie la fiction à ces faits et entraine vivement le lecteur dans son sillage. La force de ce roman est de faire vivre le lecteur au plus près du quotidien de ces réfugiés espagnols en décrivant sans aucune longueur, les lieux où ils vivent, travaillent et se regroupent. Les joutes verbales, les prises de parole, l’orgueil ce certains révolutionnaires de salon, offrent une peinture vivante de cette période. L’autre grande qualité de joli pavé est la beauté des personnages secondaires dans les deux périodes décrites. Robinson, cet ami d’enfance étonnant, venu déloger Pablo de sa tranquillité, est l’un des principaux, se rendant à la révolution comme autrefois à sa cabane. Enfance également où Pablo avant de devenir journaliste s’émerveille de la naissance du cinéma, de l’exubérance de Madrid. Ce roman est celui des coïncidences, de nom bien entendu, mais aussi de lieux, de rencontres, de faits. Une magnifique co-édition par Zulma et la Contre Allée.

Robert Laffont

Conseillé par (Libraire)
28 février 2023

Un rapt peut-il être éthique ? Alors quand Marc Man choisit d’enlever le fils d’un dictateur africain, Théodore Sawatondo, ogre sanguinaire, bête sexuelle sans scrupule agissant dans l’impunité diplomatique entre Barcelone et Paris, alors Marc Man pense faire une bonne action et savoure les soubresauts géopolitiques que son action déclenchera. Marc Man et son gang. Uni. Froid. Pro. Des gangsters aux mains propres, quoique. Fabrice Rose enclenche dès la première page le compte à rebours, détaille avec une précision diabolique le plan d’action, du rapt à la remise de rançons. Tout est préparé avec une minutie chirurgicale. Du grand banditisme. Le hasard comme ennemi. La fiabilité des intervenants, voleurs de voitures, fournisseurs de faux papiers, de logements et d’armes, receleur d’or et d’arts comme garantie. Alors où cela cloche. Car rien ne sera simple : « aucune vengeance sans adrénaline ». Le livre se referme sur la promesse d’une suite. Vite, une suite…