Sabine D.

Journal d'un effondrement

Actes Sud

17,80
Conseillé par (Libraire)
11 novembre 2020

Le journal débute le 2 juillet 2020, pile 100 ans après la fondation de l’Etat libanais et se termine par l’explosion du 4 août 2020 dans le port de Beyrouth. S’attachant à une nécessaire contextualisation historique, l’auteur du journal retrace l’évolution du Liban : période des 30 glorieuses (1945-1975), puis des querelles intestines viciées par les idéologies religieuses, main mise de la Syrie et noyautage mafieux pourrissant la reconstruction du pays, à nouveau une période de 30 glorieuses (1990-2020) profitant aux entrepreneurs véreux et l’emprise d’une oligarchie sur les rouages de l’Etat jusqu’au soulèvement populaire d’octobre 2019 et aux trois mois de confinement dû à la pandémie de la Covid ayant entraîné la pénurie de biens essentiels. Outre son intérêt documentaire, ce journal, tenu par un écrivain et professeur, apporte un témoignage édifiant, entre désespoir, épuisement et colère, sur une situation apocalyptique (banqueroute et faillite de l’Etat, effondrement économique, inflation et pénurie, urbanisation anarchique contrôlée par un monde d’affairisme glauque) tout en nous plongeant au cœur palpitant de Beyrouth : ambiance visuelle (couleurs d’un monde cosmopolite), sonore (ronron des générateurs en l’absence d’électricité dans les quartiers périphériques) et olfactive (parfum des gardénias).

Roman

Seuil

18,00
Conseillé par (Libraire)
11 novembre 2020

La narratrice qui a perdu son père, âgée d’un an, vit avec son souvenir jusqu’au jour où elle décide de s’intéresser à la courte vie de ce dernier, né dans les années 50, en Algérie, dans une riche famille juive, contrainte au rapatriement en France. La première partie du récit relate comment le père n’a su échapper à la petite colonie pénitentiaire familiale. La deuxième partie s’attarde sur elle, la narratrice, ses questionnements sur sa place dans cette famille et sa perte de repères. Dans un style froid, automnal et mélancolique comme Saturne, l’auteure dissèque le processus d’une naissance endeuillée à celle d’une autre naissance libérée. D’une manière très subtile et dans un rythme soutenu, l’évocation de la question du deuil ou de comment pouvons-nous avoir mal à nos aïeuls est abordée à travers le portrait de la narratrice en contrepoint de celui de son père : savoir perdre son père, attendre qu’il revienne et le rejoindre. Ce roman nous entraîne dans une bouleversante histoire qui débute comme un roman familial (eux, la famille, la prison, les apparences, le jeu, la simulation, les mensonges) se poursuit sous la forme d’une introspection (elle, son désespoir, sa plongée et sa remontée) et l’autopsie d’une dépression pour s’achever par une renaissance.

23,80
Conseillé par (Libraire)
11 novembre 2020

Un récit fort et bouleversant sur la condition des femmes kurdes !

Août 1986 : naissance de Frmesk, au Kurdistan, à Zamua, ville en ruines dues aux bombardements successifs. Quantité négligeable dans un monde où les hommes sont servis par les femmes, les éléments masculins de sa famille sont déçus et inquiets car elle a sur le crâne une tâche blanche en forme de cœur qui lui donnera son nom signifiant « une larme tombée du ciel ». Née sous de sombres auspices, l’avenir de Frmesk est voué à la désolation et à la résignation. Août 2016 : au Danemark, hospitalisation de Frmesk souffrant de troubles psycho-somatiques. Elle est soignée par Darya, une jeune interne kurde que le père veut forcer à se marier avec un cousin qu’elle n’a jamais vu. Darya et Frmesk, deux portraits en miroir qui questionnent la foi, le doute, la lutte contre l’obscurantisme, l’extrémisme religieux et la domination masculine par-delà les générations et les territoires. Le récit progresse en alternant les deux périodes qui témoignent, pour la première, de l’enfance de Frmesk, vécue dans un climat d’insécurité, de permanence du danger, de l’oppression, de la brutalité, l’humiliation et la privation de liberté de choix, et pour la seconde, de sa vie d’adulte traumatisée, sur la voie de la résilience, en tentant de briser les chaînes par la parole et la dénonciation.
Un récit rare, fort et bouleversant sur la condition des femmes kurdes.

Conseillé par (Libraire)
25 octobre 2020

C’est l’histoire d’une famille immigrée, à travers le parcours de la mère, Yamina, née il y a 70 ans en Algérie dans le douar d’Atochène et installée depuis 1981 à Aubervilliers, entourée de son mari coffreur-boiseur à la retraite et leurs quatre enfants : Hannah, la révoltée ; Malika, la divorcée féministe ; Imane, l’indépendante et Omar, chauffeur d’Uber, à la recherche de l’âme sœur. Yamina ne saisit pas dans quelle géométrie le monde l’a placée. Elle ne s’aperçoit pas du rapport vertical qui se joue dans les relations sociales avec les autres. Sa discrétion vient de son éducation, empêchée de poursuivre ses études à l’âge de 12 ans pour aider ses parents à la ferme et élever ses 6 frères et sœurs, elle a subi l’exil au Maroc en 1956 pendant que son père combat pour la libération de l’Algérie. Elle a appris à rester invisible, question de survie. Elle est mariée contre sa volonté à un homme de 10 ans son ainé qui l’exile une nouvelle fois, en France. Sa vie s’est déroulée entre rêves et réalité, illusions et résignation. A travers Yamina, la narratrice dresse, avec subtilité, le portrait d’une famille dont la colère enfouie de la mère s’est transmise aux enfants. Un roman à la fois social et intimiste qui dépeint l’une des composantes de la France contemporaine, en proposant un regard touchant sur la question de la transmission dans les familles déracinées mais aussi sur le courage et la capacité d’adaptation, dans l’effacement instinctif de leurs lois hybrides à mi-chemin entre le village de leurs souvenirs et leur vie d’ici.