Librairie coiffard

Conseillé par (Libraire)
31 août 2024

Conseillé par Coralie, Stéphanie et Rémy

"Il n'y a point de bonheur sans courage, ni de vertu sans combat"", JJ Rousseau ("Émile, ou de De l'éducation")

"C'est un de ces lundis de janvier où l'on s'attend à ce qu'il neige, même si ce n'est plus arrivé depuis des années". Il est 7h 30 du matin, une aube grise se lève sur la rampe de l'autoroute A3 et le pont de Bondy par lequel Mo, élève de seconde, passe tous les matins pour rejoindre son lycée. C'est le cas aujourd'hui encore mais aujourd'hui ne sera pas un jour comme les autres, on le sait, on le sent.
Thomas B. Reverdy fait défiler une journée au lycée de Bondy de 7h30 à 17h, une journée qu'il découpe en périodes, au rythme des sonneries, des intercours, des AG de profs et du repas à la cantine.
À 7h35, dans le 13ème arrondissemennt de Paris, on découvre Paul. Paul est un écrivain-poète à la dérive depuis que sa compagne l'a quitté pour un joggeur pendant le confinement. Ce matin, Paul a la tête lourde mais il doit pourtant se frayer un chemin jusqu'à la douche car aujourd'hui il doit se rendre dans un lycée à Bondy, dans le 93, une prof a fait appel à lui pour qu'il anime un atelier d'écriture;
À 7h40, le long du canal de l'Ourcq, Candice est "lancée depuis Pantin comme une balle" sur son vélo. Aujourd'hui, elle accueille un écrivain dans sa classe de seconde 13.
À 7h50, sous l'autoroute, Mahdi, élève de Candice se fait passer à tabac après avoir fait une remarque à un type.
Cette bagarre est comme la flamme qui aurait allumé la bâton de dynamite. La mèche se met à brûler, elle est plus ou moins longue, mais on le sait, ça va finir par exploser. En accompagnant Mo, Candice et Paul dans cette journée, on vit avec eux des moments de gêne, de partage, de poésie, de tensions, on plonge au cœur de cet énorme établissement scolaires avec ses règles, ses codes, ses hiérarchies et toute une vie qui grouille à l’intérieur. C'est une photographie sans concession mais très humaine, et non dénuée d'humour d'un collège-lycée du 9-3. Gros coup de cœur.

Collection Proche

Conseillé par (Libraire)
31 août 2024

Conseillé par Coralie, Marion, Rémy et Stéphanie

Avec "Sauvage", nous partons à la rencontre d'Ottavia Selvaggio (sauvage, en italien). Julia Kerninon nous fait voyager cette fois en Italie et elle nous enchante avec l'histoire de cette cheffe cuisinière. Ottavia grandit dans le restaurant tenu par son père. Très tôt, elle arrête l'école pour cuisiner à son tour et apprendre, en même temps que Cassio, qui débute auprès de son père, et qui sera celui avec lequel elle partagera cuisine et amour.
Dans sa quête d'une cuisine qui lui ressemble, Ottavia ouvrira son propre restaurant à Rome. C'est dans ce lieu qu'elle rencontrera Bensch, père de ses trois enfants, professeur d'université et critique culinaire à ses heures perdues. L'amour avec Bensch sera plus tendre qu'avec Cassio.
Dans ce lieu qu'elle habite chaque jour, la cheffe se démène pour sortir des plats sans perdre la face. Ottavia bout, elle bouillonne, tempête et foisonne, à l'image de sa cuisine. Sa vie n'est que cuisine, tablier, services et assiettes parfaites.
C'est le retour de Clem, un homme pour lequel elle a passé quelques mois à Paris qui va commencer à fissurer tout ce qu'elle pensait savoir. Des années après leur histoire, il vient lui raconter sa propre version de ce qu'ils ont vécu ensemble.
"Sauvage", c'est le roman d'une femme qui s'émancipe par la cuisine, qui reprend aux hommes ce qu'ils s'étaient approprié, c'est l'histoire délicate et si bien écrite d'une femme qui fera sa place, qu'elle qu'en soit le coût.

Conseillé par (Libraire)
31 août 2024

Conseillé par Coralie

Jean Hegland peut tout aussi bien nous entraîner au cœur d'une dystopie que dans l'œuvre de Shakespeare, elle excelle toujours à créer un univers que l'on n'a plus envie de quitter !
Avec "Rappelez-vous votre vie effrontée", on fait la connaissance de John Hubbard Wilson, professeur de littérature et spécialiste de l'œuvre de William Shakespeare. Toute sa vie, ce passionné a enseigné son amour pour les mots, les répliques et la poésie de la langue. Lorsque l'on rencontre ce personnage, il est au crépuscule de sa vie et sa mémoire s'enfuit peu à peu.
Sa femme va alors reprendre contact avec la fille de John, Miranda - prénommée ainsi d'après l'héroïne de "La Tempête" - qu'il n'a pas vue depuis des années, afin de leur permettre de renouer avant qu'il ne soit trop tard.
Au cours de ces visites régulières, Miranda se livre à cet homme qui ne la reconnaît pas toujours mais qui saura lui transmettre, souvent, émotions et répliques shakespeariennes à propos.
Tout au long du roman, Jean Hegland nous plonge tantôt dans l'histoire familiale de John et Miranda tantôt dans l'œuvre du grand dramaturge.

"Rappelez-vous votre vie effrontée" est un roman extrêmement sensible qui nous dit beaucoup sur la mémoire et la transmission, sur les souvenirs et ce que nous apporte notre amour des mots. Il faut également saluer le talent de la traduction de ce roman, effectuée par Nathalie Bru.

Agnès Desarthe

Points

Conseillé par (Libraire)
31 août 2024

Conseillé par Stéphanie et Rémy

"Mes grands-parents maternels, Boris et Tsila Jampolski, avaient 65 ans lorsqu'ils ont acheté, sur plan, un appartement de deux pièces avec balcon au huitième étage d'une tour, dans le XIIIème arrondissement de Paris. J'ai écrit leur adresse - 194 rue du Château des Rentiers 75013 Paris - sur des enveloppes et des cartes postales pendant trente ans."
C'est ainsi que débute le livre d'Agnès Desarthe, sur ce petit appartement acheté sur plan par ses grands-parents. Et parce que c'était moderne, parce que ce n'était pas cher comme le répétaient le promoteur et le banquier, Boris et Tsila ont convaincu leurs amis d'acheter dans la même tour. C'est ainsi que le Château des Rentiers et ses habitants sont devenus le centre du monde de la jeune Agnès. Un endroit "gai et savoureux" où les langues se mêlaient et où étrangement les vieux paraissaient éternellement jeunes. Être vieux au Château des Rentiers était synonyme "non pas du temps qu'il reste mais du temps dont on dispose pour faire exactement ce que l'on a envie de faire".
Agnès Desarthe se dit que dans dix ans, elle aura l'âge de ses grands-parents lorsqu'ils se sont installés avec leurs amis rescapés de l'Europe de l'Est dans cette tour du XIIIème arrondissement. Et si l'autrice bâtissait à son tour cette utopie en imaginant un phalanstère avec ses amis pour mieux vieillir ensemble ? Si elle n'aime pas voyager "en vrai" (elle l'écrit), Agnès D. embarque très facilement en pensée. C'est son moyen de locomotion favori et elle est douée pour nous faire monter à bord. Son attention aux mots, c'est là que se trouve son déplacement, sa géographie. Passé et avenir se mêlent, s'inversent parfois, les souvenirs, les odeurs, les rencontres, les anecdotes savoureuses, les voix intérieures, les voix fantômes, tout cela nous est offert avec malice. On ne peut plus envisager la vieillesse et la mort avec le même regard une fois qu'on refermé "Le Château des rentiers". Coup de cœur.

Conseillé par (Libraire)
31 août 2024

Conseillé par Stéphanie et Rémy

Le narrateur, qu'on imagine avoir une trentaine d'année, revient passer son été dans la grande maison.
La grande maison, c'est la maison familiale bretonne dans laquelle se retrouvent grands-parents,oncles, tantes et cousins. Enfant, il y passait tous les étés jusqu'au 15 août, jour apothéose avec son bal et son feu d'artifice.
Il ne sait pas pourquoi il retourne sur ce lieu de vacances cette année-là, "on ne retourne jamais quelque part par hasard" écrit-il.
Entre les souvenirs d'enfant et d'adolescent, la maison a une âme, elle est une boîte aux trésors, une
boîte qui contiendrait mille vies resserrées sur un temps très court puisque la maison n'est ouverte que l'été.
Pour le narrateur, ce sont des retrouvailles avec la famille et avec Anne, cette fille d'amis qui appartenait aussi à ses étés passés.
Et puis c'est la rencontre avec Jean, six ans, le fils d'une cousine. Un petit blond aux yeux verts qui lui rappelle l'enfant qu'il n'est plus.
Plus on avance dans la lecture, plus on sent que quelque chose doit advenir, quelque chose de malheureux.
En attendant, on vit cet été breton comme si on y était. Et si en plus le lecteur fait partie des chanceux qui savent ce que sont ces grandes retrouvailles dans un lieu plein d'odeurs, d'objets et d'habitudes, alors il se réjouira d'autant plus !