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    18 août 2011

    Prélude – La famille Burnell déménage. Linda, la mère, est une personne fragile. Stanley, le père est passionnément amoureux. Beryl, la sœur de Linda, est une jeune femme romantique et vaniteuse qui attend le grand. Isabel, Lottie et Kezia sont les enfants de la famille. La découverte de la nouvelle maison et la mise en place d’une nouvelle organisation sont l’occasion d’expériences minuscules mais extraordinaires pour les fillettes. Mais le changement également les rancœurs de Beryl et Linda. On découvre que Mrs Burnell est un esprit tourmenté et indécis. « Il y avait d’un côté tous ses sentiments pour lui, clairs et précis, tous aussi vrais les uns que les autres. Et il y avait de l’autre cette haine tout aussi réelle que le reste. Elle aurait pu emballer ses sentiments dans de petits paquets et les offrir à Stanley. Elle mourrait d’envie de lui tendre ce dernier paquet pour lui faire une surprise. Elle imaginait ses yeux au moment où il l’ouvrirait… » (p. 91)
    Sur la baie - Par une belle journée, les femmes et les enfants de la famille Burnell se rendent à Crescent Bay pour une journée sur la plage.

    Sous le soleil, les sentiments et les frustrations s’exacerbent. Seul Stanley n’est pas de la partie et sa sortie est des plus fulminantes. « Ah ! le manque de cœur des femmes ! Et cette façon qu’elles avaient de trouver naturel que ce soit votre rôle de vous tuer à la tâche pour elles, alors qu’elles ne prenaient même pas la peine de faire attention à ce que l’on n’égare pas votre canne. » (p. 118) Mais cet emportement durera le temps d’un nuage.
    Dans ces deux textes très courts que j’hésite à qualifier de nouvelles, il est impossible de ne pas trébucher sur le hiatus qui se creuse entre l’insouciance grave des enfants et les troubles puéril des adultes. Linda et Beryl ne sont pas heureuses et le font savoir. Isabel, Lottie et Kezia sont passionnément satisfaites de leur existence dont l’avenir se borne au prochain goûter et, peut-être, à la messe du dimanche.
    Du point de vue des enfants, tout paraît plus simple, plus immédiat. Chez Katherine Mansfield, l’enfance se pare des couleurs fragiles et nostalgiques de l’Éden perdu. La Nouvelle-Zélande, cadre des journées des Burnell, est un paradis sur terre mais certains s’échinent à noircir le tableau. Languide et paresseuse, Linda est tout aussi agaçante que Beryl qui soupire après le Prince Charmant.
    Je ne sais trop que penser de ces deux textes que j’hésite à qualifier de nouvelles. Ils ressemblent davantage à des chapitres échappés d’un roman. Les deux histoires ont vocation à s’inscrire dans un ensemble plus large et plus construit. Elles donnent une impression d’inachevé, d’incomplétude. Il aurait été plaisant de faire mieux connaissance avec la famille Burnell, davantage que le permettent les deux nouvelles. En refermant l’ouvrage, je suis surtout frustrée. Et c’est dommage car la plume de Katherine Mansfield est plaisante.