Le ventre des hommes, Roman

Samira El Ayachi

Editions de l'Aube

  • Conseillé par
    3 septembre 2021

    ’ai adoré le lire, le vivre, c’est un délicieux bouillon de lutte, de résistance, de faits historiques mais aussi de famille, de solidarité, de racine, d’amour de reconnaissance, que j’ai passionnément dévorée.

    Lundi 14 novembre 2016, la police fait une interruption dans une école primaire où une jeune enseignante d’origine maghrébine est mise en garde à vue. (On ne saura le chef d’inculpation qu’à la fin de livre)

    Lors de cette garde à vue et pendant son audition ;Hannah professeur des écoles franco-marocaine fille de Mohamed ancien mineur au Pas-de-Calais ; se fait submerger par des souvenirs ,elle se voit jeune enfant de 5 ans dans leur petite baraque dans les corons, « Dans la maison des mines, on est tellement les uns sur les autres que la maison des mines n'en peut plus. » au sein d’une famille nombreuse parmi d’autres familles de mineurs marocains , ces mineurs ,ces exilés économiques à qui l’auteure et le narratrice rendent hommage par un récit historique et chronologique de leur longue et hardie lutte pour prévaloir leurs droits , malheureusement méconnue et oubliés par la grande et glorieuse histoire économique de la France .

    Ces mineurs marocains, recrutés dans les années 60 et invités à rentrer chez eux aux fermetures des mines « on était là comme un point, pour faire la transition » et qu’ont reçu comme guise de remerciement et de reconnaissance une aide financière pour le retour au pays. Un pays qu’ils ont fuie fuir la misère économique, la sécheresse pour se retrouver dans une autre misère « nous n’étions pas majeurs, nous étions des lettres et des vies minuscules »

    Le ventre des hommes englobe aussi de nombreux thèmes que l’auteure a mis un point d’honneur à développer ; les efforts de ces enfants d’immigrés à s’intégrer grâce à l’éducation et au savoir , de ne pas être " la bête enfant d'analphabètes" ,les solidarités entres ces travailleurs qui ont contribué au développement d’un pays et qui se retrouve au marge de ce dernier, ces âmes bienveillantes (enseignant , voisine …)qui ont guidés ces enfants vers un avenir loin de des corons mais aussi ces femmes et ces mamans que le regards extérieure voyaient comme soumises et faibles l’auteure leur rend leur dignité en relatant leurs difficultés au quotidien dans une sociétés loin de de leurs mœurs ,la barrière de la langue mais aussi ce courage et cette force de lutter pour leurs foyers et leurs enfants « choisir de rester en France quand personne ne veut de nous et de nos enfants …..C’est à ce moment-là que nos femmes étaient courageuses .nos femmes, elles voulaient rester en France, elles nous ont demandé de nous lever et de nous battre ».

    Je m’arrête et je vous laisse le plaisir de découvrir ce roman plein de tendresse, de courage, d’amour.

    Le ventre des hommes, oui c’est une déclaration d’amour et de reconnaissance à ces mineurs marocains mais aussi une déclaration d’un petit cafard et apaches à son père. (Comme Mohamed aimait appeler ses enfants)

    « Mon père, un homme de la terre, de toutes les terres, en dessous, au-dessus, la terre, il sait que, elle qui le nourrit, elle qui le mangera. C’est elle le ventre des hommes ».