Le Soldat et le gramophone, roman

Sasa Stanisic

Le Livre de poche

  • Conseillé par
    8 janvier 2011

    Lorsque le jeune Aleksandar perd subitement son grand-père, Slavko, il ne sait pas encore que cet événement n’est que le premier signe des grands changements qui vont bouleverser son pays et sa vie. Slavko, ce grand-père raconteur d’histoires en tout genre, communiste convaincu tout entier dévoué à Tito a tiré sa révérence, devant la télé, pendant que Carl Lewis battait le record du monde de vitesse. Sa mort laisse un immense vide dans le cœur et la vie d’Aleksandar qui va apprendre au fil des années à se séparer de ce qui faisait jusqu’ici sa vie. Car en Yougoslavie, on démonte les statues de Tito. En Yougoslavie, Serbes et Croates s’affrontent dans une guerre qui laissera à jamais des traces dans ce peuple autrefois uni. Aleksandar voit peu à peu les voisins s’en aller, vers un ailleurs incertain mais loin de la guerre. Et dans les années 90, lui aussi quitte son pays qui perd son nom et son âme pour se réfugier en Allemagne. Une nouvelle vie à se construire, difficilement, avec toujours au cœur des manques et des souvenirs d’enfance.

    Avec les mots et les yeux d’Aleksandar, on traverse le conflit de l’ex-Yougoslavie et la brutalité d’un exil forcé, on touche avec lui la fin d’un monde, celui de l’enfance et on l’accompagne dans la construction d’un autre, celui d’un adulte qui tente de combler les manques. Un récit que l’on imagine, que l’on sait habité par la propre expérience de son auteur. Un récit qui fourmille d’histoires, celle avec un grand H et toutes les autres nées des souvenirs et de l’imagination d’un enfant. Un fourmillement qui amène parfois des confusions et quelques longueurs, notamment dans la dernière partie (que je trouve répétitive en regard du début du livre). Mais le tout reste un joli roman où j’ai pris plaisir à plonger malgré tout.